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jeudi 20 décembre 2012
dimanche 9 décembre 2012
mercredi 28 novembre 2012
mardi 27 novembre 2012
"L'exception Meyronnis", Olivier Rachet pour la Librairie Zadig
« Tout autre. Une confession » de François Meyronnis
« L’exception Meyronnis »
Cela débute comme un récit d'enfant rebelle ayant eu raison de tous ses dédains puisqu'à l'image de Rimbaud mais aussi de Lautréamont, il s'évade. Affranchissement des codes, franchissement des lignes, avènement à la parole en tant que parole, l'autoportrait que nous livre François Meyronnis dans Tout autre est celui d'un paria ayant réussi à déserter les impératifs catégoriques des familles et des sociétés. Paradoxe ultime de celui qui revendique son appartenance au groupe de ceux qui refusent le commun, le social, l'individu aplani par les idéaux universalistes et égalitaristes des Lumières. François Meyronnis est un autre, tous les autres et se retrouve tout autant dans cette lignée familiale qui le rattache à un prince toscan du XIIIe siècle qui aurait commis le sacrilège d'assassiner un prêtre, à ce rebelle corse de la Renaissance, Ferrante della Muracciole, que dans les légendes du peuple Dogon ayant érigé la figure du Renard pâle en mythe des origines de l'écriture.
L'unicité du soi est un leurre qui nie l'absolue singularité des expériences à travers lesquelles on arrive à se dessaisir de l'empire du moi, de la gangue étouffante qui nous assigne à l'identité du même. A l'image des mystiques touchant le puits sans fond du réel, Meyronnis trouve en l'écriture le remède, le pharmakon cher à Derrida, lui permettant de dépasser les limites de sa condition de vivant. Aux mortels qui s'engluent dans le brouillard d'une existence devenue aujourd'hui interchangeable, réduite à une pulsion comptable mortifère, l'auteur oppose la malédiction de celui qui, chamane, sorcier, peintre ou poète, fut élu afin d'embraser à travers les noms l'avilissement de toute langue réduite à la simple tâche de communiquer et de rassembler. À l'instar de Basquiat enjambant son propre squelette pour étreindre en lui la violence du réel contre lequel on se cogne, l'écrivain est celui qui "met la parole en état d'émulsion."
Tout autre se présente ainsi à nous comme le récit d'une scission à l'intérieur de soi mais tout aussi bien à l'intérieur de la République des Lettres elle-même qu'en compagnie de son acolyte, Yannick Haenel, François Meyronnis déserte depuis une quinzaine d'années. Première esquisse d'une histoire de la revue Ligne de risque qui reste encore à écrire, cette confession situe l'entreprise de leurs auteurs en marge de la production naturaliste qui leur est contemporaine et dont Michel Houellebecq, l'homme à la parka, constitue le fer de lance. En s'offrant comme un dialogue intertextuel ininterrompu avec tous les saints ressuscitables à souhait des anciens temps, des taoïstes aux prêtres védiques en passant par les talmudistes mais aussi par Rilke, Heidegger ou Jean Genet, l'oeuvre à la fois singulière et chorale de Meyronnis dont Prélude à la délivrance écrit en collaboration avec Haenel fut l'un des points d'orgue, constitue une exception de ce que la littérature française a pu produire de plus flamboyant depuis Bossuet. Ce qui est grand se tient dans la tempête.
Olivier Rachet
Tout autre. Une confession, François Meyronnis
Gallimard, 2012
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Cela débute comme un récit d'enfant rebelle ayant eu raison de tous ses dédains puisqu'à l'image de Rimbaud mais aussi de Lautréamont, il s'évade. Affranchissement des codes, franchissement des lignes, avènement à la parole en tant que parole, l'autoportrait que nous livre François Meyronnis dans Tout autre est celui d'un paria ayant réussi à déserter les impératifs catégoriques des familles et des sociétés. Paradoxe ultime de celui qui revendique son appartenance au groupe de ceux qui refusent le commun, le social, l'individu aplani par les idéaux universalistes et égalitaristes des Lumières. François Meyronnis est un autre, tous les autres et se retrouve tout autant dans cette lignée familiale qui le rattache à un prince toscan du XIIIe siècle qui aurait commis le sacrilège d'assassiner un prêtre, à ce rebelle corse de la Renaissance, Ferrante della Muracciole, que dans les légendes du peuple Dogon ayant érigé la figure du Renard pâle en mythe des origines de l'écriture.
L'unicité du soi est un leurre qui nie l'absolue singularité des expériences à travers lesquelles on arrive à se dessaisir de l'empire du moi, de la gangue étouffante qui nous assigne à l'identité du même. A l'image des mystiques touchant le puits sans fond du réel, Meyronnis trouve en l'écriture le remède, le pharmakon cher à Derrida, lui permettant de dépasser les limites de sa condition de vivant. Aux mortels qui s'engluent dans le brouillard d'une existence devenue aujourd'hui interchangeable, réduite à une pulsion comptable mortifère, l'auteur oppose la malédiction de celui qui, chamane, sorcier, peintre ou poète, fut élu afin d'embraser à travers les noms l'avilissement de toute langue réduite à la simple tâche de communiquer et de rassembler. À l'instar de Basquiat enjambant son propre squelette pour étreindre en lui la violence du réel contre lequel on se cogne, l'écrivain est celui qui "met la parole en état d'émulsion."
Tout autre se présente ainsi à nous comme le récit d'une scission à l'intérieur de soi mais tout aussi bien à l'intérieur de la République des Lettres elle-même qu'en compagnie de son acolyte, Yannick Haenel, François Meyronnis déserte depuis une quinzaine d'années. Première esquisse d'une histoire de la revue Ligne de risque qui reste encore à écrire, cette confession situe l'entreprise de leurs auteurs en marge de la production naturaliste qui leur est contemporaine et dont Michel Houellebecq, l'homme à la parka, constitue le fer de lance. En s'offrant comme un dialogue intertextuel ininterrompu avec tous les saints ressuscitables à souhait des anciens temps, des taoïstes aux prêtres védiques en passant par les talmudistes mais aussi par Rilke, Heidegger ou Jean Genet, l'oeuvre à la fois singulière et chorale de Meyronnis dont Prélude à la délivrance écrit en collaboration avec Haenel fut l'un des points d'orgue, constitue une exception de ce que la littérature française a pu produire de plus flamboyant depuis Bossuet. Ce qui est grand se tient dans la tempête.
Olivier Rachet
Tout autre. Une confession, François Meyronnis
Gallimard, 2012
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vendredi 27 juillet 2012
Tout autre, un manifeste antipolitique?
Tout
autre, un manifeste antipolitique ?
A. Qu’est-ce que Tout autre, qui paraît le 26 septembre
2012 ? Une « autoprésentation » de François Meyronnis, comme
Ecce homo pour Nietzsche ?
B. C’est l’histoire d’un alien :
le récit d’une vie qui, depuis l’enfance, n’a cessé d’approfondir l’écart. L’auteur
expose pourquoi il n’appartient pas –
pourquoi il ne ressemble pas. Celui qui s’exprime marche sur un fil entre les
vivants et les morts.
A. Ah bon ? L’auteur se
sentirait-il une faible vocation humaine ?
B. Très faible en vérité. Et le
fait de ne pas s’identifier à un ensemble lui donne plus de force.
A. Vraiment ? Mais cet afflux
de force ne le rend-il pas également plus vulnérable ?
B. Hélas, oui. Difficile de l’être
plus. Meyronnis n’occupe aucune position, ne dispose d’aucune place. Ce qui n’arrange
rien, il est pauvre.
A. Peut-on encore adopter cette
façon de vivre dans une société qui n’admet plus aucun dehors par rapport à
elle-même ?
B. En principe, non. On ne devrait
plus accueillir en soi le rebut, la part rejetée ; ni se tourner vers ce
qui ne sert à rien. De tels individus devraient mourir de faim, abandonnés de
tous. De tels flambeurs de phrases, il n’en faut plus.
A. D’ailleurs, en quoi la vie d’un
irrégulier intéresse-t-elle le public ?
B. En rien. Elle concerne la vie
de chaque être en tant qu’il est seul.
A. Seul, qui le demeure à l’âge
des réseaux sociaux ?
B. Personne. Tout le monde. Le
livre montre que l’existence de l’irrégulier interroge celles de tous ses
contemporains.
A.De quelle façon ?
B. Par exemple on apprend dans Tout autre quelques vérités sur la génération
née dans les années soixante, celle de Michel Houellebecq. Et ce n’est pas
exactement le point de vue que cette génération a sur elle-même. On apprend
aussi quelques vérités sur ce pays travaillé par des forces mortifères, et qui
semble avoir fait un pacte avec la Collaboration.
A. Quoi ? Mais cette
autobiographie ressemble tout à coup à un brûlot politique…
B. Alors par un biais qui récuse
tous les discours de cette farine. En fixant le mouvement d’une existence
réfractaire, dans sa nervure d’obstination, on obtient un manifeste antipolitique.
A. Meyronnis anonymous ?
B. En quelque sorte.
dimanche 22 juillet 2012
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